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Li Po si tu savais
Ce que les hommes ont fait
De ton air.
Mes narines ne peuvent plus chanter
Alors je te lis jusqu’à la lie
Attendant que le nuage verse sa bile.
Ripailles à la paille de fer
Dehors
La météo gronde
Le temps des regrets,
Nostalgie de météorites
Où l’engrais serait sans sulfites.
Li Po si tu savais
Ce que les hommes ont fait
De notre ère.
Mes pavillons sont bouchés
Durs comme le vieux bambou
Attendant de finir à la baille.
Tout comme toi, mon Li Bai.
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Immersion subie
Clopin-clopant
Dans un cloaque géant,
Données mal dégrossies.
La fièvre de l’instant
Ne connaît comme exil
Que la mort du neurone
Capitulant face au stérile,
Emporté par un drone.
La mesure du temps sur terre
Se sert d’un camouflet,
Celui de l’ego délétère
En route pour nulle part.
Sans tambour ni sifflet
Le poète surnage à part
Dans ce mythe sans retour
Où l’homme devient bouse,
Son meilleur reflet à ce jour.
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L’ère du temps n’a plus l’espace
De poser un rêve commun
Celui du sourire à l’oiseau
Qui fait son nid malgré tout.
La chose imbue devient carcasse
Engorgée de plastique.
L’époque pique les yeux à vomir
Désertant le grand-tout.
Mais calme-toi ô impatience,
Nos sens cherchent encore
La dernière porte sincère
Qui crèvera de vérité.
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L’ivresse prend racine
Dans la sobriété du mot,
Alors le fucus alangui
Attend le flot
Ballotté de lune en lune
Au cœur de la baïne.
Prisonnier de toute retenue
Le rêve vogue entre flux
Au hasard du vain mot.
Dehors, il pleut des hordes
De misère, vulgaris.
Danses de nuits tailladées,
Où l’amer désespère.
Quand le vent s’amarre
À la lucidité,
La pensée espère la rencontre
Du verbe solitaire
Comme le verre.
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Liberté offensée,
Où les âmes errantes déferlent
Comme autant de vagues à l’homme
Submersives et suffocantes,
Dans un tintamarre de cliquetis
La raison en perd son latin.
L’asservissement comme point
De non-retour. Nature bafouée.
Des algues aux algorithmes,
Des avances au fouet virtuel
Sans questions sur le modèle,
Apeuré, désireux et angoissé
L’ego délaisse la liberté.
Les avancées reculent frénétiquement
Jusqu’au point d’orgueil, atteint
Quand la lumière bleue s’éteint,
Alors survient l’endormissement
Le vrai, le bon, le vivant
Avant le réveil du prisonnier.
L’éveil n’est pas pour demain.
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Now what? Cloaques
I mean cesspools.
Piano, saxo,
Et puis quoi au bout de la note
Quand la rue prend la flotte ?
Le même soir pour les foules,
Disque mou,
La pensée à genoux.
Et puis le rebelle
Qui prend sa pelle
Pour distraire une seconde.
Le monde.
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cloaques © hiver 2018