Hollan se réveille à ma mémoire alors que je trie quelques vieux cartons d’invitation du siècle dernier. Je me souviens avoir vu de ses peintures par trois fois.
D’abord dans une galerie du Marais. Alors que je me faisais une joie discrète de découvrir cette exposition, à l’intérieur hélas, le silence total nécessaire pour entrer en relation avec ses tableaux n’était pas au rendez-vous et me fit faire demi-tour presqu’aussitôt avec un mélange amer de larmes, de soupir et de rage, sous le regard autant surpris qu’incompréhensif du galeriste continuant de parler tout haut à sa voisine.
Plus tard, c’est au cours d’une exposition temporaire de musée que je tombais sur un tableau d’Alexandre Hollan au détour d’une cloison. Visiblement influencé par les natures mortes de Morandi, c’était bien avant sa période – sa fixation plutôt – sur les arbres dépouillés.
Bizarrement, cet accrochage n’est mentionné nulle part dans sa biographie.
J’étais avec mon papa. Je me souviens qu’il y avait également des Staël et des Klimt ! Un régal. Le genre d’expositions peu visitées, où le silence propice au recueillement était respecté.
Je revis le travail de Hollan dans une chapelle bretonne en 1999 dans le cadre de l’événementiel « L’Art dans les Chapelles », une idée qui avait démarré bon enfant pour se transformer en institution emprisonnée dans le carcan des rendez-vous incontournablement tendances pour une foule inculte ; tout le charme de l’authenticité ayant disparu au passage évidemment.
Cette période de Hollan me plaît assez. Des couleurs présentes mais retenues, comme sourdes. Peut-être pour mieux entendre le silence occasionné.
J’avoue avoir suivi avec moins d’émotion, donc avec moins d’intérêt, sa période des arbres de plus en plus abstraits. Le sentiment de répétition peut-être ; sa quête de vibrations n’ayant pas réussi à faire vibrer ma propre sensibilité, malgré un travail d’équilibre et de maîtrise du dessin et du pinceau chez ce peintre contemporain.
Un sujet unique que l’on retrouve également, bien que dans une tout autre approche picturale, chez Jacques Le Brusq.
Image : partie du tableau « Silences en couleurs » (Musée Morandi).