Le vent souffle fort sur la côte en ce vendredi d’automne encore très doux. Je devine un petit force 6. Le soleil se fraie un chemin en éclairant par endroits un horizon plat malgré les moutons qui bombent le torse avant de frapper les rochers. Je ne m’aventure pas sur la plage en contrebas.
Seul au monde, assis sur un coin de banc bien arrimé, mon regard discute avec un moineau que rien n’effraie ; la picore de survie continue par tous les temps.
Il y a bien des rafales de force 7 maintenant. La plupart des éléments, naturels ou non, s’agitent et pourtant tout est calme… Je ne ressens aucune différence, plutôt de la sérénité sans pensée.
Je m’accroche de mes deux mains à un petit livre, Éloge de la Fadeur, que j’ouvre au hasard, page 77 et lit :
Une brise légère emporte les chants
dans le vide :
La mélodie s’enroule d’elle-même autour
des nuages qui passent – et s’envole.
Le souffle ne faiblit pas, attendant le changement de marée sans doute. C’est alors qu’apparaît au loin un humain dont le seul but semble être celui du loisir plutôt que celui de la contemplation de la beauté. Fin de partie, fin de ce moment de paix.
Une fois rentrée, je constate des grains de sable incrustés dans le pavillon de mes oreilles, alors que j’étais arnachée comme il fallait. La nature a toujours le dessus.
P.-S. : le moineau mentionné, que j’ai baptisé Tao pour l’occasion, se niche dans cette photo.
Ceci est mon centième article depuis le début de ce Journal.