La discrétion comme seul bien

À un salon du Livre, au siècle dernier, mon regard choisit un petit livre posé sur une table. Détail.

Depuis que je suis repartie avec ce recueil sous le bras, je l’ai toujours à portée de main. Il s’agit de “Mon humaine clandestinité”, de Michel Reynaud. Moins d’une trentaine de poèmes, plutôt courts, dont la forme voisine avec ce que j’aime.

D’une simplicité intime.
Comme par exemple, page 21 :

.“Là où la pierre chante
l’écho de l’émotion
décrypte de l’araignée
le fusain de la plainte.”

Que notre petite lumière intérieure soit allumée ou éteinte, les mots cheminent sans bruit. C’est le seul bien que nous puissions “posséder” : la discrétion.
(C’est d’ailleurs la principale qualité des araignées.)

Le thème de la clandestinité, qui résonne dans la résistance née des guerres, aussi bien que dans l’actualité migratoire de déracinés, est souvent habillé de cette discrétion, trouvant toujours protection auprès des mots.

Les mots ne sont pas là par hasard. Chaque poète configure sa résistance naturelle grâce aux bouées noires. Noircies d’espoir.

Merci à ce poète du jour.

* Michel Reynaud est également éditeur.
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