L’été amenant à lever le pied, me voici à trier ma bibliothèque, laps de temps au cours duquel je tombe sur « Du trop de réalité », que je me mets à relire d’une seule traite.
Avec Annie Le Brun, nous avons affaire à l’une des dernières, si ce n’est la dernière, pensée intellectuelle libre, visionnaire, fulgurante. À la fois lourde et rafraîchissante. Dans tous les cas, évidente.
Avec toujours, en filigrane, l’évocation de la notion d’interdépendance, comme un fil rouge invisible dont la reconnaissance et l’acceptation par l’homme ne valent que pour ses affaires, jamais pour son environnement. La Nature en paie le prix, nous entraînant dans ses conséquences.
Petit florilège :
‘Strophe (INA, octobre 1988)
« Le langage reste une arme que chacun peut se réapproprier.
(Philosophie magazine, janvier 2009)
https://revuelimite.fr/annie-le-brun-le-regne-de-limage-sans-imagination
Petite cerise sur le gâteau :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/les-chemins-de-la-connaissance-le-surrealisme-aujourd-hui-1ere-partie-avec-annie-le-brun-et-radovan-ivsic-1ere-diffusion-11-11-1985-3251501
[À l’âge de 12 ans, un vendredi soir où j’étais en famille devant l’émission « Apostrophes », je découvrais la verve d’Annie Le Brun, notamment sur le sujet de la « lutte féministe » de cette période (1978), atomisant au passage la médiatique Gisèle Halimi.
Le moment est à voir et surtout à écouter sur youtube ici. Où l’on sent toute l’intelligence sans faux semblant. Remarquez la toute dernière image, où l’expression du regard d’Annie Le Brun est plus que savoureuse.
Depuis ce soir-là – et alors que depuis environ mes 7 ans, je lisais, entre autres, tous les magazines de ma mère (F Magazine, Marie-France, Marie-Claire, Nouvel Observateur, etc.) dont les couvertures et reportages étalaient le mouvement de cette décennie laquelle inconsciemment me signifiait que nous avions tous et toutes des droits, comme une évidence (je lisais aussi des chroniques sur des sujets assez durs, sous la plume de Françoise Giroud ou de la chère bretonne Benoîte Groult).
Or, à partir de cette vision (en noir et blanc dans le poste) du 10 février 78, je me suis mise à tout lire d’Annie Le Brun, ses livres comme ses poèmes. Et j’en tire au moins une conclusion : on peut se passer de tout, mais pas de liberté.
Aujourd’hui, on parle de « sororité » comme si on devait absolument en abuser, mais le droit d’être libre de ne pas forcément revendiquer ce phénomène d’entraide, c’est aussi le droit de dire « je n’aime pas cette personne et ne me sens pas en soi-disant sororité avec elle », alors même que c’est une femme.
Bref, Annie Le Brun est et sera toujours en bonne place dans ma bibliothèque et dans mon cœur.]
Autre article paru 15 jours après mon post, que je me permets d’ajouter ici :
https://www.philomag.com/articles/annie-le-brun-nous-vivons-au-milieu-dune-prison-dimages
Et aussi : https://bonpourlatete.com/culture/eloge-de-l-image-en-fuite