Il y a pas mal de pleines lunes que je n’avais pas poussé un soupir par ici.
Mais en ces temps troublés comme le fond d’un marigot, il me vient accessoirement un énervement face à un bruit quasi quotidien, je veux parler de la matière plastique dont nos sociétés ont encore l’usage sous des formes très variées.
Figurez-vous que même recyclées et/ou recyclables, ces matières offrent un concert acoustique qui horripile, foi(e) de bile.
De la bouteille d’eau à la barquette de beurre, chaque geste pour tenir, ouvrir, refermer, prend le risque de se heurter à un « crac » un « clac », un « cloc », un « frrrrt » et j’en passe, certains se rapprochant du son de la banquise qui craque en se mouvant.
Certes, les fruits et légumes ne sont pas tous sous plastique, mais à un moment de votre vie, vous finissez par tomber sur un emballage en plastique pour un contenant alimentaire ou pas (couvercle, conditionnement des piles et autres joyeusetés…).
Pour toujours plus économiser – ou gagner en marge (je n’ose penser que cela soit par souci écologique) –, les industriels élaborent des bouteilles en plastique de plus en plus fines. Le résultat, une fois en main, et pour peu que l’on veuille ouvrir le bouchon de l’autre main, rendue peu épaisse, ladite bouteille se met à s’écraser légèrement sous la pression, en émettant un craquement sonore d’autant plus désagréable que souvent inattendu.
Je passe sur la bouteille en plastique que l’on écrase avant de la jeter dans la poubelle jaune…
Les pochons (pardon, les sacs) même en « plastique » végétal ne sont pas en reste. Extrait.
L’industrialisation aidant, notre environnement a accumulé des bruits non naturels en tout genre depuis au moins deux siècles. Depuis l’avènement du pétrole et son corrolaire d’objets et de contenants en plastique, notre environnement immédiat s’est ainsi affublé de sons acoustiques démoniaques.
Bref, chaque jour promet hélas son lot de petits bruits superfétatoires, dont nos nerfs (en tous cas les miens) se passeraient volontiers.
Vous l’aurez compris, je suis hypersensible au bruit ; celui qu’on n’attend pas, celui qui fait sursauter, celui qui vous sort d’un rêve, d’une pensée, d’une concentration, d’une méditation, voire d’une « transe » poético-scripturale. Et même celui que personne n’entend à part moi (sirène des pompiers à 2 km, bouteille mal revissée et qui chuinte, goutte d’un robinet dans une pièce voisine…). La cerise sur le gâteau étant l’agression sonore venant de l’extérieure, subie.
J’ai donc fortement besoin du silence. Le moins que l’on puisse dire est que cela devient une gageure, que dis-je, la quête du Graal, dans un quotidien qui finit par épuiser les oreilles.
Il y a quelques petits moments de trève – comme celui qui me permet d’écrire ce billet d’humeur. Et heureusement, il y a la nuit. Alors oui, je dors peu, ayant besoin de nettoyer mes ouïes de la saleté humaine, pour le repos de mes neurones.
Je sais que la plupart des gens sont habitués, n’y prêtent pas attention, n’entendent même plus… et c’est bien ce qui me fascine.
Le plus fort de l’histoire est que je viens de découvrir que ces bruits étaient considérés par certains comme relaxant (ici avec des commentaires !)
On ne doit pas être de la même planète…
Vive le silence – ou les sons de la nature.