Cette nuit je réécoutais l’émission de Laure Adler, L’Heure bleue. Quelle bonheur infatigable d’entendre Michel Le Bris.
Encore un moment de grâce salé, d’autant plus fort que je connais son terrain de jeu entre Terenez et Saint-Samson, son paysage d’enfance, cette baie de Morlaix au fond de laquelle ma sœur repose aujourd’hui en paix.
L’incontournable château du Taureau se dressant comme pour délimiter un paradis marin dont les éléments vous ramènent à la nature profonde.
La description de ses impressions, si tant est que l’on puisse les décrire, me devient soudain compréhensible et m’habille de chair de poule. Sous mes draps, mes yeux dégoulinent.
Et même si ma propre enfance eut un environnement plus doux, ces forces invisibles entre elle et nous, entre la nature et notre raison d’être, demeurent universelles pour les réceptifs qui savent les cueillir, prêt à recevoir le mystère d’une connexion.
J’avais d’ailleurs un peu effleuré la chose dans mon blog sur la Trinité-sur-Mer (avant que cette commune ne devienne hélas trop aménagée) :
J’ai grandi sur les bords de l’Atlantique aux contrastes subtils d’une Bretagne à l’époque encore à peu près sauvage. Fixant la mer des heures entières, calée entre deux rochers aux âges plus que canoniques, j’ai sans doute acquis là une vision tridimensionnelle du monde. Parler de « ma » Trinité est impossible car ce que l’on y ressent est indicible. Il faut y avoir passé du temps, hors saison, pour saisir ce calme intérieur et jouir de cette lumière particulière.