Gommer les désillusions

Hier matin, samedi, j’écoutais l’émission d’Aurélie Luneau sur France Culture “De causes à effets“, laquelle interviewait Jeremy Rifkin, connu pour ses nombreux livres sur la question de la planète, du “changement”, du climat, du vert plus vert, avec un peu d’économie quand même, bref, sur la situation actuelle des sapiens sapiens et de leur avenir (sic).

Étant légèrement pointilleuse, ou rêveuse (au choix), le titre un peu long du dernier ouvrage de Rifkin m’interpelle (attachez vos ceintures) :

Le New Deal Vert mondial – Pourquoi la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028 – Le plan économique pour sauver la vie sur Terre

En effet, si la première information peut sembler louable et la deuxième réaliste, la troisième formulation a laissé mes neurones un tant soit peu perplexes : “… le plan économique pour sauver la vie sur Terre“… Rien que ça.

Plusieurs notions me gênent aux entournures. D’abord pourquoi un plan “économique” ?, auquel on préférerait un plan écologique. Pourquoi toujours tout ramener au profit ?*

Mais c’est surtout la dernière partie qui donne le coup de grâce “pour sauver la vie sur Terre”… L’on devine que l’enjeu est bel et bien l’avenir de nous autres… sur cette terre donc. Et non pas de la planète directement.
J’aurais mieux compris (et accepté) si précision avait été apportée : “…pour sauver la vie humaine sur Terre”. Dans le contexte et le sujet de son livre, cela aurait été plus logique.

Parce que, ne vous déplaise, la vie (animale, minérale, végétale) sur Terre sans nous – et on l’a bien vu durant un arrêt de deux mois appelé “confinement” (des humains donc) – s’adapte, pousse, vie, respire, bref, continue son activité naturelle, sans pollutions…

Où l’on s’aperçoit que la survie de l’Homme passe avant la planète, alors que l’un ne va pas sans l’autre. Et, oui, le fait d’écrire “sauver la vie sur terre” ne revêt aucun sens. Car si l’animal humain n’existait pas, la vie sur (et de) la planète se porterait selon un processus normal, naturel…

Chaque jour, on découvre de nouvelles Rustines (tiens, ça rime avec Rifkin), insignifiantes au regard du problème.

Alors certes, et heureusement, durant l’émission et notamment à la fin de celle-ci, on s’aperçoit – et cela fait chaud au cœur –, que oui, un pourcentage d’éclairés parmi les plus jeunes (“la grande relève”, pour paraphraser Jacques Duboin, un des précurseurs de l’idée de revenu universel d’un point de vue historique – et sa fille Marie-Louise qui tente de garder le flambeau au travers de la publication du même nom) a compris l’ampleur de la situation.
Notamment l’importance particulière de la notion de réseau, de local, d’appropriation des ressources créées et partagées solidairement, d’agilité, de coopération. (Des seniors aussi s’y emploient hein…)

En même temps, ce n’est pas comme si certains (merci Rachel Carson au passage) n’avaient pas analysé et prévenu : “Les limites de la croissance“.

Mais auront-ils le temps ? Aurons-nous le temps ?

Gommer les illusions

Dégommer les rêves
Suspendus à la porte d’entrée
Quand aucune trève
N’ose se montrer.
Espèces en mouvement
Espèces amorphes,
Choisissez votre camp.

Le prix des désillusions
N’a pas de concurrents
Les illusions refusent le récurrent,
Mais le mal est en action
Et l’ego conscient de sa finitude
Ne veut déjouer aucun prélude.

Les révolutions tribales
Au son des virus saisonniers
Trient parmi les cannibales
Les cœurs sans arrières-pensées.
Le train humain n’a plus le temps
De monter des carnavals.
Dégommer toutes les consciences
Restait l’unique espérance.

 

* Je ne suis pas naïve, l’éditeur a choisi le titre…