Annie Le Brun s’en est allée – soudainement. Au hasard de larmes encore chaudes, on se dit que ce n’est pas possible, qu’elle va revenir, l’œil et le verbe encore plus affûtés. Mais non, le néant a bien rattrapé Annie. Et la peine est réèlle. Comme l’écrit un de ses amis, Paul Jorion : « Vous…
Catégorie : Vivante
Plastique acoustique
Il y a pas mal de pleines lunes que je n’avais pas poussé un soupir par ici. Mais en ces temps troublés comme le fond d’un marigot, il me vient accessoirement un énervement face à un bruit quasi quotidien, je veux parler de la matière plastique dont nos sociétés ont encore l’usage sous des formes…
Chorégraphie Contemplative
Carolyn Carlson (80 ans cette année) est peut-être moins connue comme poète. Pourtant, ses petits recueils sont parsemés de vers posés sans superflu, tels des ricochets de miroirs de moments intérieurs, à la fois doux et sensibles. On ne sait pas si Carlson danse pieds nus dans l’herbe, mais son âme jolie semble respirer le…
La lune ne dort jamais
La pensée du solitaire prend la forme de la lune comme un défilé silencieux dans un ourlet de poussière. Éventail. Tenir le porte-manteau des rêves léthargiques, tantôt yin, tantôt yang, épuisette pour l’épuisé. Détail. La lune ne dort jamais et dans le reflet de son âme, on peut voir certains soirs, le visage amusé de…
Le temps de la terre
La nature prend le temps De peindre le souffle De tous ses bras. Reliefs ancestraux Impriment le mouvement invisible Du vent. Entre deux cailloux La vie pousse, prend la pose Jusque la prochaine lune. Éternellement éphémère, Le temps festoie sur la terre Pour le regard qui passe. Toute évasion puise son espoir Dans l’eau du…
Fadeur force six
Le vent souffle fort sur la côte en ce vendredi d’automne encore très doux. Je devine un petit force 6. Le soleil se fraie un chemin en éclairant par endroits un horizon plat malgré les moutons qui bombent le torse avant de frapper les rochers. Je ne m’aventure pas sur la plage en contrebas. Seul…
Binairement
Binairement ou l’errement du binaire. Binairement où l’un des deux ment. Le troisième n’est que pauvre hère dans l’ère la plus riche qui n’ait jamais existée. Entre zéro et un, le vide où la vision devient limpide. Binaire de la guerre ; Limite de l’infini(e) connerie. Binaire veut dire stress : être ou pas…
Libre comme Le Brun
L’été amenant à lever le pied, me voici à trier ma bibliothèque, laps de temps au cours duquel je tombe sur « Du trop de réalité », que je me mets à relire d’une seule traite. Avec Annie Le Brun, nous avons affaire à l’une des dernières, si ce n’est la dernière, pensée intellectuelle libre, visionnaire, fulgurante….
L’envol d’un épicurien
Marcel Conche est parti. Hasard, depuis décembre dernier, j’avais en tête de parler de lui dans un prochain article au moment de son anniversaire… ce 27 mars, heureuse à l’idée de souligner ses 100 ans. Mon hommage était sur les rails, mais c’était sans compter sur le destin de ce discret philosophe qui est mort…
De Burine au burin
Il est des dimanches qui s’éternisent jusqu’au moment où un ami poète américain mentionne en ligne quelques vers d’une poétesse française que l’on aurait « presque » oubliée : Claude de Burine*. J’ai donc « presque » honte de la redécouvrir (merci/thank you Georges), alors que, bien sûr, je vis passer son nom et surtout ses poésies, notamment dans…
Danse de l’interdépendance
La danse de l’univers Aux yeux sans boussole, Où la terre offre son sol Aux racines millénaires. La voie s’entrouvre Aux rêveurs inspirés, Chercheurs des jours tranquilles Sous couvert de partage. La voûte ne tient qu’à la volonté De coopérer. Dans le livre Le flot de la poésie continuera de couler, page 150, on…
Errantes particules
Le Tao dessine en silence Les chemins de l’invisible Appréciant la rondeur lunaire À chaque ère de sa quête. Dans le bon sens chaotique Les particules errent en tête Rassurant les libations de l’âme. Le tao ne s’étudie pas, il se vit. « La seule façon d’accomplir, est d’être.« Lao Tseu
Bulle d’air de l’ermite
Le mythe de l’ermite est tenace sa bulle est sa maison son bol d’air de raison, loin du fracas qui fracasse son écho contre les pavillons. L’air de l’ère ambiante pervertit toute nature plaçant l’ermite poète dans une posture d’attente, protection et observation des épaves en devenir. Peinture : monotypie de © Christophe…
Au chaud avec Osho
Demain l’été ; voici de quoi méditer : OSHO : ÊTRE LIBRE, C’EST ÊTRE REBELLE » Un rebelle est celui qui ne réagit pas contre la société. Il observe, comprend tout le manège et décide simplement de ne pas en faire partie. Il n’est pas contre la société, il est plutôt indifférent à ce qui…
L’âge du mitage
Poussez poussez l’escarre, Les champignons priés D’aller vivre ailleurs. Dans l’antre de l’ère dollarisée, L’ensemble crie chacun chez soi. Au bord du bois entaillé, La pelouse bientôt en béton Renvoie l’écho du néant. Mitage à tous les étages, Sur les anciens silos, les lotis Terrassés par l’oubli, Encombrés des normes De l’ère précipice. Faux-semblant….
Que les chemins de terre
Que j’aime la terre Que j’aime les chemins Que j’aime les chemins de terre Qui savent où ils vont. Pleins ou creux, Poussiéreux, boueux, Que d’âmes encombrées Les foulent incidemment. Depuis la nuit des temps. J’aime les chemins de terre Leur silence, leur destin, Leurs bosses, leurs cicatrices Racines. Des milliards de sentiers Hier,…
Complexe, tout simplement
Étrange dimanche, où les sujets s’accumulent alors que dehors cogne un petit coup de tabac. Je suis à l’abri, mais… Mais comment choisir de quoi parler ? De Michel Le Bris, parti trop tôt en janvier dernier et à qui le festival des Étonnants Voyageurs, virtuellement actif en ce mois de mai, rend hommage,…
Guillevic par les criques
En évoquant son Carnac, Guillevic Bêche la terre brute et tranquille en Monologue mozaïque, dont la sobriété Rejoint la retenue des rêveurs. Une poésie brodée de sensibilité, De vasière couleur bruyère De ciels gris en peau de sable. Des mots rugueux au gré des jours, Sous le varech, ensevelis Par des marées contrariées et Des…
Asperger for ever
Sans la foule …..Sens la vie Sans le bruit …..Sens le murmure Sans le faux …..Sens le cerveau Sans les codes …..Sens l’ode
Horizons dépouillés
Par l’orifice du doute, les pensées serpentent Chapelet de souvenirs qui se figent Dans l’attente. Horizons aux aguets, sans volte-face Le regard à genoux, implorant Le renouveau. Le temps jamais ne prend au dépourvu Sous la lune, les galets respirent Le calme. Marée descendante. Les rêves aussi déchalent.
Le silence des souvenirs
Foulée et refoulée, la Nature n’a plus rien de naturel Les décennies s’enfilent, marquées par le déni. Encore combien de mots dans le cri du soir Silencieux, comme le souvenir. Le touriste repu de sa journée superficielle Laisse dans son dos des oiseaux sans voix. Seule la nuit soudain se souvient De l’instant des…
L’audace de l’aigle et la prudence du loup
L’air de la plaine enivrerait Jim. Mais soudain le silence, Aussi poreux que les abîmes. Le doute plane, la confiance Est passagère de l’instant. Canis Lupus, prend garde au pygargue Qui te nargue hors pleine lune. Parce que ton intransigeance est un risque Conserve ta prudence opportune ! Quelques années avant de s’en aller…
Tang qu’il y aura des poètes…
Encore une fois, merci à France Culture de nous adoucir l’ouïe avec des invités sensibles, qui fait qu’aujourd’hui, je suis heureuse d’aborder une émotion partagée : celle que décrit J. M. G. Le Clézio dans l’émission « À la poursuite du vers parfait« , à propos de son dernier ouvrage paru en novembre de cette étrange année…
Le dégoût de l’égo
Depuis plus de dix ans, les réseaux ruissellent d’égos dans un flux éphémère où chaque mot revient à parler de soi. Répondre, commenter, approuver, féliciter, autant de clics cachant l’espoir d’être remarqué. Se sentir exister à travers un petit cœur par-ci, un petit coup de gueule par-là. Vouloir à tout prix être aimé, partager son…
Automne civilisationnel
L’impermanence est permanente, Mais le déni subsiste comme une toile Soigneusement verouillée. Dans l’entre-temps qui rampe, Les méninges se voilent Comme une mémoire souillée. Alors la peur s’approche, Les consciences se retournent Comme un bain de repentance. Voilà que tonne la fin de l’insouciance. L’Automne s’en sortira. La lune y veille déjà.