Sous la plume, l’enclume

Dans les décombres De nos existences, Des âmes en pénitence Ne dorment jamais, Profitant de la nuit Pour passer l’éponge. Alors le fiasco résonne Du désastre de l’occupant À l’avidité mortifère. Face au champ de l’ego Le chant de l’oiseau détonne, Attendant le sanctuaire. La conscience est légère Dans le sommeil profond, Mais le temps…

L’été des jeux de mots laids

Comment le poète vit-il un été De canicule augmentée ? En attendant la marée montante De l’inspiration nonchalante, Les mots découvrent le loisir Qui font semblant d’écrire. Le Je ramasse les rimes Pour en faire des maximes. Alors arrive le jeu de mots suprême Le jeu de mots laids par excellence Celui à cacher des…

Âme et nagement

Naviguer de telle ou telle façon se dit nagement. Je vois ce “nagement” comme le fait de devoir nager sans avoir le choix, sans ménagement, en suivant les consignes, les flèches, la route balisée ; en s’adaptant de manière obligatoire. Contrairement à la nage où l’on est libre de brasser ce que l’on veut, ce…

La lune brille surtout en juillet

Assise sous la voûte Ma lune attendrissante étincelante éblouissante Au pied de mon regard. Le vent te tourne la tête Et c’est moi qui perds la boule, Les jambes trop lourdes pour te rejoindre Mon cœur admire ta fidélité Ô sœur de joies attristées. Je loue tes nuits d’été Aux désespoirs embastillés, L’ère du Je…

Le ballet de l’aube

Dès potron-minet, à l’heure où les chats dorment encore, Les moineaux déploient un incommensurable ballet de joie. Pour en jouir, il ne faut pas seulement se lever aux aurores, Mais ouvrir le troisième œil, au plus profond de soi. Les échos cuicuitant, les arrêts fréquents, les envols soudains, Autant de ballets auditifs ou visuels jusqu’au…

Mon frère le bambou

  Pouce* dans mon cœur Ô frère végétal. Tantôt souple et comestible Tantôt dur comme un outil, Que ton règne soit béni. De l’eau par dessous, De l’eau par dedans, La vie. Folle de ta force Qui puise et multiplie.     * Certains comprendront.

Assiégée de rêves

  Entre deux chaises au quotidien Le corps un peu, l’esprit beaucoup, Posture conditionnée par l’intention Jusqu’à la survie. Le rêve se limite seul, Le rêve respire une vision. Observer son miroir Repérer la branche, Nourrir son cœur d’espoir Que tous les jours soient dimanche. Demain mérite mieux qu’hier Comme le suggère Jean Ziegler  …

Certains cadeaux

Cette semaine, une amie bretonne (la même qu’ici), m’a offert un cadeau de Noël : un livre mêlant poésies et reproductions de gravures par la même auteure, Marie-Françoise Hachet-de Salins. C’est le genre de surprise qui mine de rien vous fait découvrir – au travers d’une petite maison d’édition (L’enfance des arbres) – une forme…

Marché masse

La notion de “marché” est directement reliée à l’idée de commerce. Et par extension de concurrence, de profit, d’exposition : se montrer, se vendre… Bref, tout ce qui constitue une planète à des années-lumière de l’état d’esprit, de la condition, de l’âme d’un artiste prenant, par nécessité intérieure, la plume poétique. Oh ! bien sûr,…

Souillures

  La démence franchit le seuil De la peur qui s’amoncelle. Les déchets se font la courte échelle. Le mortel sagouin est à l’œuvre Héritant, génération après génération, D’une culture du pillage, saccage. Souillure anthropophage De l’ego de passage Ô pleure sol enterré ! Ma Terre eau Mon terreau Du haut de mon âme Du…

Duo de mes yeux

  Du haut de mes yeux, Un double horizon défile, Celui de la terre vibration Et celui du ciel grisailleux Entre deux eaux de pluie, Acidité mon ennemie. Duo de mes yeux, Qui piquent pollution.  

Resistere

Résister à la pensée enterrée. Résister au démembrement de la terre. Déterrer une larmichette d’humanité. Le festival de Cannes est une vitrine où tout et son contraire offrent une vision exarcerbée de la société humaine. Du plus futile au plus intéressant, du plus crétin au plus sensible, se côtoient en moins de quinze jours. Ainsi,…

Laminée

Gratte au fond de ta caboche ce qui cloche. À faire les poches de la planète, le souffle de l’âme chancelle. Le mont figé surfe sur tes exploits, vomit le flux de ton vide-poches. Tu as tellement perdu la tête que tes erreurs s’amoncellent. La cote du kamikaze explose. Sur une houle pleine d’ecchymoses, la…

Big Big Big Bingo

Rien de plus simple que d’étouffer les âmes et la vie dans l’air, la terre ou la mer. Rien à faire, le suicide collectif est bien plus jouissif. De l’analogique à l’anal logique, pardon, au numérique. Lobby, lobbies, lobig BigBrother BigPharma BigTech BigData BigProfit BigEgo Bingo !

Sociétallégorie

Certains sans le savoir agissent comme les homards mâles au fond d’une casserole : se sachant pris au piège, chacun décide de grimper la paroi coûte que coûte pour en réchapper, quitte à écraser son voisin.* D’autres nous livrent leur vision du monde : ainsi le 1er mai, Bret Easton-Ellis, interviewé via l’émission La Grande…

J’habite la lune

Amenée malgré moi à traverser régulièrement une petite zone commerciale, je chérissais ce champ où chantait encore la vie, malgré la pollution de son air invisible. Une zone verte, originelle, pour laquelle vibraient le soleil, la pluie et la mémoire salée du bout du golfe léchant un chemin à moins de cinq cents mètres. Des…

Ermite

L’ermite erre du chapeau Fait son trou dans l’évitement, Le chapeau-cloche en héritage Raisonne sous la peau Sans manières. Fuyant les moutons emparés, Ce parangon dévêtu Écoute le son de la terre, Respiration en vue De la matière.  

Jeu

Orgie dans l’orgueil du soir Anxiété des heures, juste pour boire, Le cerveau s’évade en plusieurs dimensions, Transperce les espérances. Ô miroir sans reflet, que veux-tu ? Que le jeu se termine dès potron-minet. De la force du rêve surgit l’impatience Créer, vaincre, espérer, le feu est à bord. Il ne devrait jamais y avoir…

Ménagement

L’observation de congénères depuis la hune provoque une désydratation de l’empathie. Les egos portés aux urnes de toutes sortes flambent l’intention de la vie. Croire à la lune quand tout est calme, c’est oublier la force du reptile caché dans l’angoisse de l’âme primitive. Ô aménagements sans fin qui souillent et mon cœur et mes…

La damnée au camélia

Sous le parapluie rose moquette de souvenirs en lambeaux humide et tendre. Le rêve s’agrippe au râteau intense. Le rouge-gorge observe, satisfait, la moisson. L’art brut se saisit du paysage local une saison chasse l’autre ; chaque fois, le vivant reprend ses droits. Le camélia résiste sous nos yeux égarés. Le printemps précoce : jouissance…

Rumeurs de rimes

L’humeur fait sortir les rames, La rumeur en délire écope Des rimes de larmes ; Le rameur s’est établi Pour la rimeuse en syncope, Drame de la prose qui faiblit. Rumeurs en rimes du dimanche Qui tranchent avec l’urgence ; Faisons semblant de rire jaune Devant la montée des hauts profonds Qui fondent de désespoir…

La vie jusqu’à la lie

L’air évaporé Sur l’ère dénaturée, Ou bien le contraire. Moi ? je bois la terre L’air a de la fièvre, C’est l’époque qui erre Dans un esprit mièvre. Moi ? je bois la terre Pendant qu’au dehors Ça vocifère, Je bois la campagne Pour oublier La nouvelle ère Et son sort.

Nuit marine

Cette nuit je réécoutais l’émission de Laure Adler, L’Heure bleue. Quelle bonheur infatigable d’entendre Michel Le Bris. Encore un moment de grâce salé, d’autant plus fort que je connais son terrain de jeu entre Terenez et Saint-Samson, son paysage d’enfance, cette baie de Morlaix au fond de laquelle ma sœur repose aujourd’hui en paix. L’incontournable…

La poésie s’écrit seule

Dans l’ombre de l’heure, l’écrit naufragé s’accroche, Quand l’humeur fait chanter le doute de l’âme. Rien ni personne au fond de l’esprit ne doit déranger le chemin. Le poète s’éprend de son envie, espérant vivre seul. La solitude poétique devient l’enjeu du moment, Écartant le réel pathétique pour un univers parallèle.

Urbanoïdes

En ville, le silence est une chimère où l’imaginaire n’a plus toute sa place. Rêver demande de s’extirper du bruit ambiant. Ram-dam urbain d’humanoïdes se dépêchant de vivre, couvrant le son de la nature ; celui du peu d’oiseaux qui s’adaptent avec mérite. Pauvre terre.